Publié le 23/04/2016

 

DÉMARCHE

Lors d’un choix de matériau d’isolation, il est intéressant, dans une démarche d’écoconstruction, de ne pas limiter ses critères de choix aux seules performances thermiques du matériau. Le choix d’un isolant devrait se faire sur base des critères suivants:

  • Propriétés thermiques : elles sont généralement décrites par des notions telles que la conductibilité thermique (W/m²K). Petit à petit, on tend vers une description intégrant les propriétés de masse des matériaux isolants. Par exemple, on parle de plus en plus souvent de l’effusivité thermique (la racine carrée du produit de la masse volumique, de la conductivité thermique et de la chaleur spécifique du matériau). Elle représente la vitesse à laquelle la température de surface d’un matériau varie, et donc sa capacité à accumuler et restituer de la chaleur (inertie thermique). Utilisée en combinaison avec la conductibilité thermique, cette grandeur est intéressante lorsque l’on évoque les isolants massifs.
  • Propriétés techniques : le comportement au feu, la perméabilité à la vapeur d’eau, le comportement à l’humidité, le type de mise en œuvre, la stabilité dans le temps, l’isolation acoustique, etc.
  • Propriétés environnementales : impact énergétique de la production, du transport, risques pour la santé, maintenance, traitement en fin de vie (recyclage) etc. Ces propriétés sont identifiables par des données centralisées tels que les écobilans. Ces derniers mettent en avant les résultats d’analyse de différents impacts environnementaux relatifs aux produits de construction. L’analyse des impacts est transversale, elle intègre l’ensemble du cycle de vie des produits. Parmi les critères analysés nous retrouvons : les émissions de gaz à effet de serre ; la production de gaz acidifiants ; l’origine des ressources (renouvelable, non-renouvelable) ; l’économie des ressources ; la production de déchets ; toxicité pour l’eau et les êtres humains…
  • Propriétés économiques : coût du matériau, de sa mise en œuvre et selon le cas de sa maintenance, en rapport avec le type d’utilisation et les performances à atteindre.

OBJECTIF

Partant d’une approche « classique » de l’isolation, on peut classer les interventions allant dans le sens de l’éco-construction en différents niveaux :

  • Minimum : Choisir, parmi les matériaux d’isolation courants, ceux qui ont à performance égale (considérant les choix primaires tel que : résistance à l’humidité / comportement au feu…) le meilleur écobilan. Concrètement, il faut éviter les mousses de polyuréthane, dans certains cas le verre cellulaire et le polystyrène extrudé. On leur préférera des laines minérales ou du verre cellulaire (si à base de verre recyclé) en respectant les consignes de sécurité lors de leur mise en œuvre.
  • Conseillé : Choisir, pour les modes de construction traditionnels, (isolation extérieures ; isolation entre chevron, etc.), des matériaux ‘naturels’, renouvelables et à faible processus de transformation : plutôt que des laines minérales, on choisira des laines animales ou végétales à base de cellulose, de fibres de bois, de liège, de lin, de chanvre ou d’herbe. Leurs performances thermiques sont de mieux en mieux documentées et leur écobilan plaide en leur faveur.
  • Optimum : Remettre en question le mode constructif de l’ensemble de la paroi, pour se diriger vers des solutions telles que les murs en terre-paille, en béton chaux-chanvre, en bois cordé, etc. De très nombreux modes constructifs de ce type sont redécouverts aujourd’hui sous l’intitulé « isolants massifs » et donnent lieu à une réinterprétation contemporaine. Néanmoins, faute de documentation suffisamment objective et de validation scientifique pour ces dernières techniques, nous nous contenterons d’en évoquer l’existence et les avantages en comparaison avec les matériaux isolants courants.

QUELS SONT LES MATÉRIAUX DISPONIBLES ?

Les isolants classiques sont de deux types : organiques, (polyuréthanes, polystyrènes et polyesters) et inorganiques (laines de verre et de roche). A côté de ceux-ci, il existe de nombreux types d’isolation écologique. De façon résumée, on peut relever les isolants à base de :

  • Cellulose : papier recyclé et/ou paille. Un traitement au sel de bore les protège des attaques d’insectes, des champignons et du feu.

A gauche: Cellulose en vrac ; à droite: Panneau à base de cellulose et de lin

  • Laines végétales ou animales : on trouve des panneaux en fibre de coco, de lin, de chanvre, d’herbe, de bois ou en laine de mouton.

A gauche : noix de coco, à droite : chènevotte de chanvre (matériau brut) et laine de chanvre

  • Minéraux : roche volcanique ou mica, comme la perlite et la vermiculite.

A gauche : perlite ; au centre: vermiculite, à droite : exemple de mise en œuvre

  • Liège

Isolant en liège

  • Fibres textiles recyclées : Issu du recyclage, la laine de textiles recyclés est composée d’environ 60% de coton, 20% de textiles synthétiques (polyamide, polyester, acrylique) auxquels on ajoute 15% de liant sous forme de fibre polyester. Les textiles recyclés subissent parfois un traitement à base de chlore pour les blanchir et ils ressemblent ainsi à du coton vierge. Certains isolants en textiles recyclés reçoivent des traitements complémentaires (antifongique, insecticide, ignifugeant, antistatique …) il convient donc de vérifier la composition exacte des produits isolants proposés. La mise sur le marché de ces produits est sous forme de rouleaux ou de panneaux.

Isolant en fibres textiles recyclées

On pourrait également considérer le verre cellulaire comme un isolant relativement écologique dans la mesure où il ne fait appel à aucun agent moussant tel que les CFC lors de sa fabrication. Selon le cas, la matière première provient en grande majorité de verre recyclé. A son désavantage, le verre cellulaire est souvent mis en œuvre à l’aide de bitume (chaud ou froid) dérivés de l’industrie du pétrole.